dimanche 16 septembre 2012

Deux jours....

Schumann, 
Album für die Jugend

Durant ces jours, j'ai passé du temps à jouer quelques extraits de cet opus, l'eglise protestante a, en son sein, un piano, et avant d'aller voir papa.... je prenais ce temps pour moi.


Drôle de moment que celui où l'on s'en va...
Fragilité et vulnérabilité sont les compagnes de la mort.
Le souffle bruyant, la cadence saccadée,
Le torse montant et descendant,
Tel un nouveau né que l'on surveille
Ses apnées sont sources d'inquiétudes
Et si c'était maintenant...

La mort et la mise au monde ont cela de similaire

que toutes deux nous plongent dans l'attente..
Instant magique où l'on se trouve à part,
tel un cocon, un nid doux,
Un moment intime que l'on partage avec celui qui est sur la partance...
Temps que l'on voudrait voir abrégé, pour voir l'autre apaisé.

Dualité des émotions, car la violence est de mise

Il est douloureux de voir celui qui souffre
Insoutenable de voir celui qu'on aime se raccrocher à ce brin de vie
Impensable de l'imaginer absent, mais tellement impatient de le savoir soulagé
Il est tellement important de respecter le choix
Chacun part quand il en aura décidé,
Quitter la vie, et rejoindre l'autre monde....
Ce terrain inconnu de tous.

Face à ce destin, nous sommes seul..

Mais il était bon ce temps de partage que nous avons pu poser,
Rassurer le mourant que pour sa vie, il a rempli sa mission,
Que notre amour a toujours été, malgré les non-dits.
Malgré la pudeur de nos émotions
Et sa reconnaissance, la nôtre aura été cet échange de larmes...
Témoin de cette paix que lui comme moi auront tant besoin pour accepter
de partir,
de le voir partir.....

On se raccroche à tout ce qui rassure

La foi pour mes proches,
La destinée pour ma part
Il doit partir que son calvaire cesse,
Mais bon dieu, déjà maintenant?

Il est parti dans nos chants et nos prières,

Dans nos bras avant tout
Jusqu'au bout il nous aura senti,
Ressenti notre présence et notre "entourance"....
Bordé nous l'avons, pour qu'il n'ait pas peur
Mais avait il peur?
Nous n'en avions jamais parlé de ce moment là....
Pourtant c'est une étape qui nous attend tous....

Et il est parti,

Il nous a confié son dernier souffle
Quand celui-ci arrive, il n'y a plus de questions
Plus qu'une évidence
C'est fini...
Il est parti
Les larmes et le désespoir prennent place
C'est tellement fort, tellement douloureux de l'avoir perdu
Même si c'était évident,
Même si c'était attendu.

Nous l'avons gardé auprès de nous quelques heures durant

Le toucher ne m'était plus possible car avant
Je n'avais de cesser de lui manifester mon attention par mes caresses
Mais la... plus question...
Son teint jaune avait posé sur lui un visage apaisé
Presque souriant.
Son pulse, je l'avais senti partir en chamade,
Pour au final entendre le palpitant s'arreter... doucement
Dernier sursaut de vie qui se manifeste et temoigne que c'est ça, la mort.

Maman lui posait encore ses mots d'amour,

Ses caresses de femme aimante et délicate,
J'ai redécouvert avec ces derniers jours, toute cette tendresse qu'ils partageaient
Merci à eux pour ce témoignage si doux et plein d'attention
Ce mort n'était plus mon père
Son visage ne lui ressemblait pas....
Sur les photos, il y avait mon papa...
Là, couché dans ce lit, il n'était plus.
Qu'il était beau cependant, qu'il était beau....
Apaisé, dormant, soulagé et silencieux....
Cette difficile respiration des deux derniers jours m'était devenue insupportable.
Ce bruit, le souvenir de sa vie
Ce silence, la réalité de sa mort.
Mais qu'il était beau à dormir, nous autour de lui.

Puis sont arrivés le croque-mort,

son brancard d'inox et sa housse en plastique....
Le réveil est cruel, il faut se voir à l'évidence
La douloureuse réalité, celle de sa mort.

Ils l'ont emmené dans sa housse,

dernier habit blanc qui nous invite à percevoir que ce corps sans vie n'est plus qu'un objet.
Je garde en moi le plus beau,
Ce moment d'accompagnement qui nous a été donné de partager avec maman
Ses larmes qui m'ont été offertes par lui avant qu'il ne puisse plus communiquer
Ces instants fragiles mais d' une intensité inexplicable que j'ai vécu avec lui
Il a rendu son dernier souffle comme le prendrait celui qui naît
Je suis soulagée que tout soit fini
Mais rien n'est fini....

Autre regard qui se voit dans celui des vivants,

La vie est trop courte pour perdre l'essentiel
La vie est trop difficile pour se la rendre impossible
Mais je le savais tout cela...
Je l'ai à ce moment là, réalisé!
comme j'ai vu l'amour de deux êtres partagés
Un est bien vivant,
L'autre est parti...

Il m'a fallu toucher la vie,

Sentir la vie du bout de mes doigts,
Recevoir une "em bras sade", tant j'avais offert les miens durant ses deux derniers jours
Il m'a fallu sortir de ce cocon, ce moment à part d'accompagnement
pour me sentir vivante et devenir ce contenu,
Tant j'avais été contenante
Merci d'avoir accepter de me prendre dans tes bras...
Sentir un regard bien vivant après avoir touché la mort
A été un moment essentiel qui m'etait juste nécessaire....

Merci.



Pour toi qui lis ce qui n'est pas écrit...





2 commentaires:

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