samedi 15 décembre 2012

Réalité

BRAHMS ( 1833-97 )
 1er mouvement Sonate Opus 38


Je me sens sans saveur depuis quelques jours.
Je pensais trouver enfin un peu de répit dans cette jungle qui m'a tant malmenée ces derniers mois.
J'oscillais entre mes humeurs tantôt explosives de projets et tantôt négatives avec ce vide qui d'un coup me terrassait dans mon canapé.

Je viens de passer deux jours sous ma couette.
Le moral dans les chaussettes.
Seul l'obligation alimentaire vient de m'en sortir.
Il faut bien garder son travail!

Je me suis écroulée sur deux phrases:

"Je pense rester chez moi à Noël."            
ET
 "Ta relation envers moi n'est pas sincère."

WOUAHHHH la claque!

Je dois une fois de plus me justifier et rassurer l'autre qu'il peut avoir confiance en moi, mais je ne le peux!

Je ne suis pas celle qui démontre que la vérité de l'autre n'est pas réaliste et réelle.

Qu'elle croit ce qu'elle veut, je ne me battrai plus.
Je pensais qu'on avait dépassé ce stade là.
Je pensais qu'après avoir vécu ce que nous avons enduré ensemble, nous avions enfin trouvé le chemin de la rencontre.
Que dalle!
Avec la première phrase, je me suis sentie exclue d'un cercle familial qui me semblait inébranlable.
Si un lien doit subsister, je pensais qu'il s'agissait toujours de celui-ci.
Avec la deuxième phrase, je n'ai été qu' injustement jugée, malmenée et condamnée.

Qu'elle croit ce qui lui plaît.
J'ai donné dans ce registre il y a 9 ans, quand je lui ai annoncé mon divorce et que passant chez moi elle m'a assassinée sous une montagne de reproches, moi qui n'attendait que son soutien!
Pour me préserver, je lui ai  demandé de partir.

Cela fait maintenant 3 jours que je suis à ramasser à la petite cuillère, 3 jours que ces phrases ont été prononcées.

Je suis en colère, car elle n'a donc pas vu que j'étais là pour elle dans la mesure de mon possible?
Je suis en colère, car moi aussi j'ai besoin d'elle et pas de sa frustration avec laquelle elle venait de me giffler!
Je suis profondément triste, car j'ai perdu non seulement l'homme le plus important de ma vie, et j'ai l'impression de n'avoir plus de toit.
Je suis affligée, en larmes, car il va me falloir apprendre à compter que sur moi.

Je suis seule.
Il n'y a personne autour de moi.
Je n'étais pas prête à cela.
Je ne pensais pas devoir déjà faire face à tout ça.
Je suis juste seule dans ma vie pourrie.

Vie, qu'il serait plus raisonnable d'arrêter, car rien de bon ne sort de ma couche.
Je ne peux plus, me battre pour moi.

Je reste pour mes enfants.
Il me reste donc une quinzaine d'années à supporter cette médiocrité, cette souffrance.
Je n'ai d'autres accrocs que mes petits qui eux ont besoin de moi.

Je ne suis rien,
SI.... il paraît que je suis formidable, que l'on m'admire, que ma force est un exemple.
Ma force en ce moment se résume à ne rien attenter contre moi.
Je n'ai aucun espoir de voir un "meilleurs" surgir dans mon existence, ça ne peut être pire, mais je n'ai aucune perspective d'avenir ici bas.

Qu'on n'y voit pas un abandon, juste une réalité.
Je traîne mes bécasses depuis si longtemps, je suis mal formée de l'intérieur, ça ne se voit pas, ça ne se sent peut être pas de l'exterieur mais je le ressens tellement que la douleur me tord le coeur.

Je suis juste impossible à vivre. Elle me l'a encore montrée.
Impossible pour moi de poser une relation à l'autre stable et rassurante.

Mon besoin de liberté et d'indépendance, ma peur d'être redevable me font trop sauvage.
Et tellement insaisissable pour l'autre qui à ce besoin de maîtrise... ce minimum qui rassure, et lui donne un sens et une valeur.

Avec moi rien n'a de sens, les avis ne sont jamais arrêtés, et je suis terriblement changeante, que ce soit dans mon humeur, mes idées, mes actions, mes projets.

Je suis trop imprévisible.
Une manière pour moi peut-être de ne pas être possédée, puis abandonnée.

Il est parti en 4h.

Je suis ainsi. J'ai 38 ans, bientôt 39. Que puis je espérer... vivre une belle histoire dans 10 ans, car du temps il m'en faudra pour changer cette mauvaise programmation.. que je ne changerai plus jamais.
Et par la suite voir partir (le pire des cas) celui avec qui j'aurai enfin pu vivre ce que j'attends depuis mes 16 ans?

J'ai perdu ma famille.
Je suis seule.
J'attendrai les 18 ans de mon dernier et j'aviserai si cette vie est encore vivable.

Non je ne suis pas folle.
Un projet est un projet.
Il est bien réfléchie, depuis quelques mois déjà.
J'espère qu'on me laissera partir.
J'aurai rempli ma mission, la seule qui m'ait été donnée sur cette Terre.

On perds tous nos parents un jour.
Que ce soit tôt ou tard.

Je pensais poser ma vie bien autrement.
Je pensais construire un avenir à deux, avec nos enfants.

Mes enfants ont été des médiateurs,des révélateurs, ils n'auraient jamais dû endosser ce rôle.
Je leurs demande Pardon, mais je ne savais pas ...je pensais vivre ma vie de jeune adulte sur la même lignée que mes parents.
Mais je ne me connaissais pas.
Je ne savais pas que l'inconscient pouvait à ce point diriger une vie.

Je ne regrette rien.
Sauf de n'avoir pas été au fait de ma personne.
J'aurai fait mieux, pour eux, pour que les blessures de ma vie ne les atteignent pas.
Elles auront malmenées leur jeunes existences.
Grandir avec une mère aussi instable émotionnellement n'est pas un cadeau.

Entre force et fragilité, il devrait y avoir une chose: la mesure.
Ce rythme stable qui permet une musicalité douce et harmonieuse.
Cette données à été oubliée dans ma conception.

Pourtant je suis capable de vous dire que jamais je ne troquerai ma peau contre celle d'une femme bien posée.
La peur de l'ennuie me fait fuir cette idée là.

Bref.
il y a trois jours elle m'a tuée dans mon élan...
Je ne fêterai certainement pas Noël avec elle.
Je ne sais même pas si je suis capable de bouger pour pouvoir offrir un Noël à mes enfants.
Je suis l'ombre de moi-même, je ne suis qu'une loque.
Les larmes coulent plusieurs fois par jour.

Le pire. c'est que je n'ai même plus envie de rien.
Ni d'elle, ni de quoi que ce soit.

SI.... Partir, loin très loin.. Dormir, oublier, ne plus penser, ne plus ressentir, devenir amnésique, fuir!

Ne plus exister.







Pour toi qui lis ce qui n'est pas écrit....


                                                                                                            Cello



3 commentaires:

  1. Elle est belle, cette sonate de Brahms... Et il est beau et émouvant, ton texte ! Moi qui ne vois que des blogs surchargés de commentaires (pourquoi ?) je découvre qu'ici, alors que tu as tant besoin de soutien, personne n'est venu depuis le 15 décembre - et moi j'arrive si tard ! Il est si difficile de s'entendre avec une mère, hélas... Nous, enfant, n'en attendons qu'un amour totalement désintéressé, semblable au terreau généreux qui permet à la plante de pousser ; or les mères au contraire ne sont souvent capables que de projections, et mettent à leur affection des conditions énormes et souvent impossibles à satisfaire, car elles nous obligeraient à nous renier nous-mêmes pour nous plier entièrement à leur rêve. Non, ce n'est pas auprès d'une mère que l'on peut obtenir le soutien dont on a besoin ; ou il faut en posséder une qui ait su dépasser ses désirs et ses rêves... Et au fait, comment sommes-nous-nous-même avec nos enfants... ?
    Le seul moyen de se reconstruire, c'est de rencontrer une personne qui sache se faire "miroir" pour nous permettre de revenir sur nous-même, nous voir et nous aimer - surtout après un divorce, qui, par son parfum d'échec, nous casse l'image positive que nous avions de nous-même !
    Cette personne peut être une soeur, une amie ; ou encore un père, un frère, un ami ; ou un thérapeute suffisamment intelligent (mais c'est de plus en plus rare !) ; ou encore un support de méditation guidée, suffisamment bien fait pour nous aider à rentrer en nous-même et y semer les graines de l'amour et du bonheur, avec une musique chaleureuse et porteuse d'espoir. Ou même une prière pleine de confiance envers celle que l'on appelle "Marie" et qui est la Mère de tous les vivants, et qui, je l'ai remarqué, apporte toujours réconfort à ceux qui l'appellent dans la détresse.
    Sûr qu'en plein solstice d'hiver et avec le temps sinistre que nous avons tu n'as pas de quoi retrouver la pêche.
    Je suis désolée de ne t'avoir pas vue plus tôt ; mais peut-être quelqu'un d'autre a-t-il effacé tes larmes ? Je l'espère.
    Au fait : il y a aussi des livres qui aident à se défendre contre les individus destructeurs.
    Ne te laisse pas faire, Cello ! Montre que tu es la plus forte. C'est toi l'adulte, puisque tu as des enfants, elle, elle redescend la pente et vit dans la rancoeur.
    Je te fais de gros bisous. Donne-nous de tes nouvelles.

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    1. Merci Martine pour tes mots, c'est vrai ce que tu poses la sur la relation mère-enfant, je ne sais si c'est de la rancoeur, je pense qu'au plus profond d'elle, elle était terriblement mal, nous avons reparlé depuis, je lui ai posé mes limites, et elle a entendu, mais je pense qu'elle n'a pas pris la mesure de ses paroles sur le moment. Et peut etre que ma susceptibilité n'a pas aidé non plus. Enfin j'espere que l'avenir nous posera d'autres modes de communication, il parait que ca se travail. Oui l'on m'a aidé, et je l'en remercie vivement. je t'embrasse Martine, et te souhaite une belle fête de Noël, pour toi et ta famille.

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