lundi 13 mai 2013

Wonder Woman


ERIN AND HER CELLO
On My Stoop
@erinandhercello



Voilà un bail que je n'ai pas laissé place à mes mots, et revenir ici sans autre explication que "désolée, je n'avais pas le temps" est d'une futilité. 


Peut-être trouverez-vous cela même irrespectueux!



Il y a aurait trop de choses à raconter, mais une seule retient mon attention , mon break, mon hospitalisation, les chaises d'art de mon psy (car j'y retourne), la renaissance de cette courtisane que j'aime être, mon envie de m'assumer, ma peur irrationnelle de décevoir, ma prise de conscience de mon isolement qui n'a fait que laisser place à un mur où le virtuel a pris toute une part de ma vie? Non, rien de cela aujourd'hui.

La seule réflexion que j'ai envie de poser ici,  est la place du temps que je prends pour moi. 

Cela peut paraître égoïste, ou dérisoire face à tout le remue-ménage que j'ai subi ces dernières semaines. 
Et bien que cela soit.... j'assume ce temps volé à mes enfants!

Je fais partie de ces mères qui ont fait un point d'honneur d'être parfaite et de tenir leur rôle en total sacrifice de soi, un peu comme le modèle qui m'a précédée et qui le tien toujours!
 ---->MA MAMAN ! 

Arf, je n'en ai que trop peu parlé, mais je pense ne jamais avoir pris conscience de sa valeur à mes yeux, jusqu'à cet hiver, enfin je viens seulement de m'en rendre compte 
( billet de décembre 2012)

Ma maman est née durant la seconde guerre mondiale.... oula ça décoiffe!
Une femme qui a vécu le pain noir, le lavage de linge au lavoir été comme hiver ( glagla!), qui me contait comment elle fabriquait ses serviettes hygiéniques en coton, les faisant sécher au grenier et les ébouillantaient une fois la période menstruelle passée (beurk!).
Une petite fille, cadette de trois enfants et qui faisait la joie de son père. 

Elle a vécu après ce temps bien rude, la période faste de l'être humain, où la machine à laver, la télévision, les voyages dans la péninsule arabe (car mon père était contre-maître sur de grands chantiers ( d'ailleurs si la Tour Montparnasse s'écroule.... c'est qu'il n'avait pas du faire son taf correctement... enfin maintenant il doit y avoir prescription! )) ont fait irruption dans sa vie. 

Ma maman a pu vivre la vie de rêve et faisait ce qu'on attendait d'une femme en ce temps là:  LA FEMME AU FOYER
Elle prenait soin de sa demeure, de son enfant, organisait la vie de famille et préparait le souper des siens au retour du mari. 
Son luxe hormis de rouler en DS (la voiture du Président!) étant de ne pas avoir besoin de travailler, et de partir en vacances une fois l'an sur les plages de la mer méditerranée, pour se dorer au soleil! Vive le bronzage d'été qui lui rendait la peau satinée!

Un véritable canon ma maman! Certes un petit ventre en trop mais de belles jambes, une élégante poitrine, un maquillage discret, des tenues toujours très stylées!
Je ne l'ai jamais entendue se plaindre.... de douleurs que trop peu, le médecin on ne le courait pas comme aujourd'hui au moindre rhume ( moi non plus d'ailleurs, il faut attendre une blinde dans son cabinet et le temps je n'en ai pas pour attendre. A vrai dire je déteste attendre!).

Ma maman est aussi une travailleuse hors pair ( comme son mari d'ailleurs!).
Outre la grande maison qu'elle tenait impeccablement, deux jardins à s'occuper ( le potager nous servait sur toute l'année... conserves, confitures, gelées, compotes, congelo!), une journée a aider sa soeur mariée à un agriculteur, une autre à aider son autre soeur qui tenait une pension de famille, elle n'avait de temps que pour les autres.
Pas une lessive de retard, pas une poussière traînante, ni de vaisselle dans l'évier, des plantes à gogo à arroser les soirs d'été, et celle de l'intérieur qui n'attendaient pas de mourir.... maman à la main verte!
Bref une femme parfaite, telle qu'on l'avait prédisposée. 


Le modèle est complexe a surpasser vu qu'il incarne la Wonder Woman qui elle, arborait déjà le shorty sexy et moulant.... un brin vulgaire avec son décolleté plongeant celle-là! 

Je suis donc arrivée femme, dans les années 97.... la machine à laver, les tampons de diverses qualités, les plats surgelés en pagaille, vivant en appartement locatif, ramenant les confitures de mamans, les compotes de belle-maman, disant merci à celles-ci de préparer les petits pots de légumes pour mes enfants, en même temps qu'elles ramenaient les bassines de linge lavé, repassé!

Oui je disais... femmes parfaites!


Comment rivaliser avec mes quatre mioches qui défont ce que je tente de maintenir, à peine ma panière de linge vidée, on me la remplit à nouveau!

Quand je tente d'inculquer à mes enfants la vénération des fruits et légumes, ils se régalent de lentilles préparées en conserve pleine de phtalates.

Quand je fais un gâteau pour leur goûter, il n'y en a que pour une fois (chez moi un cake durait une semaine!). 
Et tenter de ranger leur chambre? Un défit que j'ai laissé tomber, je ne fais que ramasser ( 5  objets pour 4 enfants----> faites le calcul, et multipliez le tout par 48 demi heures.... oui j'exagère la nuit ils dorment! j'abuse!)
Quant à l'armoire, tenter d'avoir une pile de tee-shirt impeccablement alignée, posée et repassée est de l'ordre du surnaturel !  :-)

Je crois que c'est la guerre dans mes placards!


Mais pourquoi suis-je une mère défaillante à ce point? 

Ne suis je donc pas la fille de ma maman? 

Est-ce tout simplement lié au modèle si parfait qu'était ma maman? 


J'ai mis du temps à réaliser plusieurs choses... 


Déjà moua.... là! Je ne suis pas née avec des fées qui m'ont lancée leurs palabres sur voix mielleuses de style :

 "oh une adorable petite ménagère rousse, serviable, disponible, et courtoise!"

Nonnnnn, je suis née dans les années 70, où toutes les facilités arrivaient dans les demeures françaises, où le travail certes avait sa place, mais où l'on portait en sa progéniture toutes les attentes non avouables de parents n'ayant pu faire des études, car celles-ci n'étaient réservées qu'à l'élite si ce n'est qu'aux bourgeois!

On se souvient tous des tons admiratifs de ces voisins quand l'ouvrier expliquait que son fils faisait des études.... 
Après ma voisine a bien dit à mes parents qu'elle souhaitait adopter un enfant non pas à la l'assistance publique, car elle voulait un enfant INTELLIGENT...... ;-( 
Double défit, là!

Ma carrière était donc toute trouvée!

écolière
collégienne
lycéenne
étudiante
travailleuse
amoureuse
mariée
propriétaire
mère de deux enfants ( au delà cela fait famille nombreuse.. et ne cadre plus avec le tableau parfait accrocher dans l'imaginaire des parents!) 

L'enfant parfait quoi! C'est bien ce à quoi pouvaient prétendre mes parents non?

Étant parfaits tous les deux!

ARfffff je dois être une rebelle... 

Je n'aime pas l'ordre des choses quand celui-ci s'impose à moi!
J'aime me singulariser
J'aime être autre, et ne pas ressembler au commun des mortels (ou le croire)
J'aime savoir qui je suis avant de savoir quoi faire véritablement (cela à ses limites il a bien fallu entamer sa libération ! Cela m'a pris 16 ans! )


Mais je n'étais pas consciente de tout cela. 


A vrai dire, avant 20 ans, je n'existais pas en tant que personne. 

Je ne connaissais que peu de choses de mes émotions, de mes idées, de ma personne. Je suivais aveuglement le processus qui m'avait porté jusque-là.

A 30 ans,  j'avais la certitude d'être en décalage avec ce modèle parental, d'être différente d'eux, de ne pas leur ressembler pour un sous à ces travailleurs infatigables!


J'ai commencé ma révolution active,

(ayant fait une overdose de cette perfection qui ne m'allait pas du tout à 16 ans. L'inconscient voulant libérer la réalité, mais qu'avais-je comme moyen pour le comprendre, moi l'ado procrastinatrice, sécheuse de cours de math ! ).

J'ai donc accepté d'être une mère différente, imparfaite, ou différemment parfaite.... les critères sont modulables, non?

La panière de linge a commencé à oser traîner,  apposée dans un coin de mon appartement quand maman venait me rendre visite. Bien sûr, maman me faisait remarquer qu'elle nous reluquait salement, mais j'osais imposer qu'elle ferait mon affaire plus tard.  
"Plus tard" laissant souvent maman prendre ce linge avec elle, je m'y suis opposée une, deux, trois fois... elle arrive toujours à piquer un truc à faire depuis.... c'est un peu aussi lui laisser sa place de maman, et mamie... toutes les excuses sont bonnes pour se justifier! ;-)

J'ai mis mon temps pour qu'elle m'accepte telle que je suis.... 

débordée par mes humeurs
débordée par le bazar que génère ma propre descendance !
fatiguée
anxieuse
peut être fainéasse! Après tout!

Ce qui est drôle, c'est que ce modèle parental... on a beau vouloir s'y opposer, le rejeter, le contrecarrer. On n'y revient toujours malgré soi!


Un de mes paradoxes, (car je suis bourrée de paradoxes divers et variés) est que j'aime :


 -voir ma maison ordonnée!

 -que l'on ne dîne pas tard, même à heure fixe
-voir mon linge impeccablement rangé dans l'armoire, mais je déteste faire cela d'où cette guerre qui ne trouvera paix qu'une fois les marmots sorti du tiroir miné!
-préparer une alimentation équilibrée et soutenir une organisation de dingue pour perdre des kg ce qui fait du bien à mon corps et mon esprit! 
-être à l'heure, (j'ai trop galèré en honte avec mes retards )
-voir des lits impeccablement faits.... ce qui  fait sacrément moins zone dévastée!

JE NE SUIS PAS UNE WONDER WOMAN...... son short est trop petit!


Je travaille, 

Je gère ma famille seule
Je procrastine (toujours!)
J'aime traîner en tenue (légère....) de jour en jour....
J'aime m'ouvrir à tout ce qui s'appelle culture, sans faire de moi quelconque prétention en cette matière, 
J'aime découvrir ce qui fait l'autre, lire, écouter la musique
J'aime me prélasser dans mon canapé.... regarder la télévision ou papoter sur tout ce qui est outil de communication!
Je trouve mon compte dans l'asso, qui m'a bien permise d'avancer sur le chemin du handicap
J'accompagne mon dernier en rééducation, et je dois penser à ne pas oublier les trois autres.... c'est le risque quand une difficulté monopolise toute l'attention parentale. 
Je gère la crise d'ado de mon grand (déjà 16 ans, ce petit?)
Et bien sur, j'aime que ma maison soit vivable ; sol, toilettes, salle d'eau, cuisine et salon rangé, sans quoi je déprime... rien ne va!

Je suis donc loin d'être à jour avec ma panière de linge, ni avec les toiles d'araignées ( il parait qu'elles nous préservent des moustiques!), ni les plinthes qui n'ont pas intérêt à se plaindre ! 


Bref, je me permets même le luxe de laisser partir le petit dernier seul en taxi, car il me faut par moment ce temps de répit pour remettre la maison en adéquation potentielle avec mes exigences de femme imparfaite. Je me battrai pour ce droit au répit en laissant son rejeton partir comme cela en soin.... Je n'ai pas à culpabiliser. 


C'est pourtant ce que l'image d'Epinal de WonderWoman tente de m'infliger! 


Et bien, je dis


IMPARFAITE? 

oui ce mot est arrivé dans mon vocabulaire, il y a environ 10 ans! 

Quand enfin j'ai réalisé:

Que je ne pouvais pas être ma mère. 
Que tout ce qui la passionnait n'était que contraintes pour moi. 
Que sa vie, sa condition, n'était pas celle qui me faisait moi.
Que le cordon était à rompre.
Qu'il me fallait m'assumer telles que je suis.
Que je pouvais être moi..... imparfaite, faisant comme je pouvais avec ce que j'avais, et qui me faisait. 

J'ai bien inconsciemment tenté d'émerger, mais le poids de cette perfection pesait lourd sur mon épaule. 

J'ai donc été
très bonne écolière,
bonne collégienne, 
lycéenne moyenne
étudiante à deux reprises
amoureuse
enceinte
mariée (pour rectifier l'ordre des choses!)
locataire
emploi jeune
maman de 3 enfants,
divorcée
emploi en CDI
volage, en quête de l'homme parfait
amoureuse
mariée
maman d'un 4ème enfant métisse
séparée

Oui, le tableau a subi quelques retouches.... 


Et au final, ils l'ont bien accepter mon imperfection.... mes parents!


J'en viens donc à ce que je souhaitais aborder : prendre le temps de faire des choses pour soi.


Je sors d'une hospitalisation où cela m'est venue comme une évidence, car je n'en suis que rarement capable. 

A vrai dire, je n'y trouvais pas d'intérêt. 
Je volais du temps à mes enfants imparfaits!
Je leur volais un espace qui pour moi devait se vivre en famille. 
Mais nous ne sommes pas censé vivre les même intérêts conjointement tout le temps. 

Il me fait donc bon de sortir seule, le temps d'une journée, d'une soirée rien qu'à moi sans autre but que de me faire plaisir. 

Comme le suggérait ce psy, quand je m'interrogeai sur ma stupide solitude dans cette chambre d' hôtel où m'attendent soins et spa (qui au passage rendrait jaloux le petit short rouge), j'irai profiter du bar... jouant la femme fatale!
Courtisane d'un autre temps m'irait à ravir.... l'assumerai je?




Autre plaisir que celui-ci....qui résonne en moi comme un défit! 

Je vous en dirai plus en temps voulu!


En attendant, je me permets de continuer mon apprentissage , et de convoler dans l'univers que j'affectionne tant mais je délaisse souvent..... la lecture!






Maman!!!!! On mange quoi ce soir? 

;-)


Pour toi qui lis ce qui n'est pas écrit...



   Cello

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